Disparu il y a 38 ans, Hassan El-Hassani continue d'inspirer les jeunes talents

Hassan El Hassani
24/09/2025 - 14:06

Trente-huit ans après sa disparition (le 25 septembre 1987), le comédien Hassan El-Hassani, de son vrai nom Hassan Bencheikh, continue d'inspirer les jeunes talents et reste présent sur la scène théâtrale algérienne à travers le Festival national du théâtre comique, organisé chaque année en hommage à sa brillante carrière artistique.

Hassan El-Hassani, plus connu sous son nom artistique «Boubagra», a fait rire des générations entières et continue d’inspirer les jeunes générations de comédiens qui aspirent à assurer la relève, estime le commissaire du Festival national du théâtre comique, Said Benzergua.

«L’ombre de Boubagra est toujours présente et, aussi bien son style que son répertoire, constituent une source d’inspiration pour les comédiens qui choisissent le théâtre comique dont s’est excellé le défunt Hassan El-Hassani», a indiqué M. Benzergua.

Les amateurs du quatrième art et les mordus du théâtre comique gardent à l’esprit l’image de ce comédien qui a réussi à sortir du lot en incarnant le personnage de ce paysan naïf qui a su se faire adopter, d’abord, par le milieu artistique, puis par de larges couches de la population, lui assurant «une popularité qui n’était pas à la portée de ces contemporains», a-t-il estimé.

Le nom de Hassan El-Hassani «restera gravé à jamais dans la mémoire des algériens et représente un pilier du quatrième art», affirme pour sa part, le dramaturge et comédien Hamid Barket, rappelant que «Boubagra était un militant de la cause nationale avant d’être un artiste».

«Avant l'indépendance du pays, les forces coloniales ont voulu étouffer la voix de ce comédien en le mettant en prison, ignorant que cette éclipse allait forger sa personnalité et le pousser à s’investir pleinement dans l’art, comme moyen de lutte contre l’occupation», a ajouté M. Barket.

Boubagra était «doué pour le théâtre, faisait preuve d’ingéniosité quand il devait incarner un personnage et savait laisser sa touche personnelle», souligne encore Hamid Barket qui considère ce génie du théâtre comme «une source inépuisable pour les jeunes comédiens d’aujourd’hui».

Hassan El-Hassani est né à Boghar, au sud-est de Médéa, le 21 avril 1916, et a suivi son cursus scolaire à sa ville natale où il a obtenu un certificat d’enseignement primaire.

Avant d'embrasser sa carrière d'artiste, il était coiffeur à Ksar El-Boukhari puis à Berrouaghia, avant de se voir confier la gérance de la salle de cinéma Rex, dans la ville des Asphodèles (Berrouaghia).

En 1940, lors d'une tournée théâtrale dans la région de la troupe du géant du théâtre algérien, Mahieddine Bachetarzi, ce dernier a décidé de l’intégrer dans sa troupe.

Sa première pièce, «Les rêves de Hassan», une satire sociale dénonçant le colonialisme, produit en 1945, le conduira en prison où il passe plusieurs mois et profite de cette incarcération pour monter des sketches qu’il joua au sein même de la prison.

A sa libération, Hassan El-Hassani s’installe à la Casbah d’Alger et travaillera à nouveau comme coiffeur, sans jamais renoncer à sa passion : le théâtre.

Il a créé le personnage de «N’înaâ» dans la pièce El Houria, rejouée en 1950 sous le titre «Le complot», puis produira l’un des plus célèbre de ses spectacles, en l’occurrence «Ti goule ou ti goule pas» (tu dis ou tu ne dis pas).

En 1953, il a été engagé à la télévision où il a joué, sous la direction de Mustapha Badie dans la pièce «La poursuite», et ralliera, au déclenchement de la guerre de libération nationale, les rangs de l’ALN.

Après l’indépendance, il rejoint la troupe du Théâtre national algérien (TNA) et renonce au personnage de «N’înaâ» pour adopter son nouveau personnage «Boubagra» qui sera à l’origine de sa gloire et sa notoriété.

Hassan El-Hassani a créé ensuite la troupe théâtrale des «Quatre-saisons», qui sillonnera une décennie durant, toutes les régions du pays. Mais lorsqu’il a été élu député à l’Assemblée populaire nationale (APN) en 1976, la troupe a été dissoute.

Galvaudé par une suite de succès sur les planches du théâtre, Hassan El-Hassani se lança dans le cinéma et décroche plusieurs rôles dans des films qui vont le hisser au sommet de la gloire.

Parmi ces films, «Le Vent des Aurès» (1966), «Hassan Terro» (1968) de Mohammed Lakhdar-Hamina, «Z» (1969) de Costa Gavras, «Les Aveux les plus doux» (1971) d’Edouard Molinaro, «Sanaoud» (nous reviendrons) (1972) de Mohamed Slim Riad, et le célèbre «Les Vacances de l’inspecteur Tahar» (1973), de Moussa Haddad.

Il sera également à l’affiche de «Chronique des années de braise» (1975) de Mohammed Lakhdar-Hamina, «Les Déracinés» (1976) de Lamine Merbah, «Une femme pour mon fils» (1982) d’Ali Ghanem, «Les Folles années du twist» (1983) de Mahmoud Zemmouri, et «Les portes du silence» (1987) d’Amar Laskri.

La maladie le contraint de s’éloigner des studios de cinéma qu’il ne revivra plus jamais, puisqu’il décèdera le vendredi 25 septembre 1987, à l’âge de 71 ans.

Pour honorer la brillante et longue carrière artistique de «Boubagra», un Festival annuel est consacré à son hommage à Médéa, et l’évènement draine à chaque édition de grands noms du théâtre et attire également de jeunes comédiens en quête de réussite.

Le commissaire du Festival national du théâtre comique, Said Benzerga, affirme que cet évènement «témoigne du grand respect dont jouit cet artiste comédien qui a consacré, plus de quarante ans de sa vie au théâtre et au cinéma, et un clin d’œil à l’ami fidèle des populations des zones rurales».

APS

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APS
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