Le mouvement de protestation contre la situation socio-économique catastrophique et la corruption endémique au Maroc, initié depuis le 27 septembre dernier par un collectif de jeunes, s'élargit désormais pour toucher le secteur de l'enseignement supérieur, en grève depuis mercredi pour dénoncer notamment l'adoption d'une réforme qui vise à mettre fin à la gratuité de l'enseignement.
"C'est un choix dangereux qui risque d'hypothéquer l'avenir de l'université marocaine et de la société pour des décennies. On lie le financement de l'université au secteur privé et à la logique du marché et on transforme le droit à l'enseignement supérieur public en privilège réservé à celles et ceux qui peuvent payer", a indiqué aux médias le vice-secrétaire général du Syndicat marocain de l’enseignement supérieur (SNESup), Mustapha Azaitraoui.
Selon ce responsable syndical, cette réforme, dite projet de loi 59-24, imposée par le gouvernement sans aucune concertation préalable avec la communauté universitaire, risque à terme de mettre tout bonnement fin à l'indépendance académique et marginalise ainsi définitivement les instances universitaires élues.
"Le deuxième point, c'est la perte d'indépendance académique. Le texte prévoit la création d'un conseil des administrateurs, composé en majorité de membres nommés par l'extérieur, au pouvoir étendu, marginalisant ainsi les instances élues des enseignants, des administratifs et des étudiants", a-t-il expliqué.
Il a ajouté qu'à travers ce mouvement de grève, le SNESup dénonce également "le mauvais état des infrastructures, l’insuffisance des ressources humaines et des équipements des universités".
Le syndicaliste a, dans ce contexte, souligné que le SNESup soutient les revendications exprimées dans les manifestations initiées par le collectif de jeunes Marocains.
"Au coeur des revendications des jeunes, aujourd'hui, se trouve l'exigence d'une école et d'une université publique capables de garantir à toutes et à tous l'égalité des chances, un enseignement de qualité et un horizon d'émancipation", a-t-il déclaré.
Pour rappel, le collectif des jeunes Marocains avait appelé mardi à des rassemblements à grande échelle jeudi, à la veille de l’ouverture de la session parlementaire.