Radio Algérienne
Le Maroc connaît une ébullition dans plusieurs secteurs, alors que le Makhzen se prépare à faire face, la semaine prochaine, à une série de grèves et de sit-in dans le sillage des manifestations du mouvement de la jeunesse marocaine en colère, enclenchées fin septembre dernier.
L'effervescence annoncée dans différents secteurs intervient dans un climat marqué par une aggravation du malaise social et la poursuite d’une politique de déni bureaucratique dans le domaine de la santé, ainsi qu’une détérioration alarmante de la qualité de l’enseignement supérieur, malgré les manifestations qui agitent la rue depuis des semaines.
Ces dernières, organisées par un mouvement de jeunes réclamant justice sociale et territoriale, et la reddition des comptes, ont poussé le pouvoir à annoncer des hausses budgétaires restées sans effet concret.
Dans le secteur de la santé, le personnel infirmier a annoncé une grève mardi prochain pour dénoncer ce que le Syndicat indépendant des infirmiers et techniciens de santé décrit comme une "absence de réformes tangibles et la dégradation des conditions de travail".
Cette escalade intervient après plusieurs agressions visant des soignants aux urgences de "Sidi Rahal plage" (Casablanca) et à la maternité du centre de santé "Ouled Aâbou" (province de Berrechid), survenues en dépit des appels répétés à renforcer la protection du personnel de santé dans l’exercice de ses fonctions.
Le syndicat de Berrechid a estimé, dans un communiqué, que "la situation sanitaire dans la province souffre de dysfonctionnements structurels nécessitant une intervention urgente", soulignant que la délégation provinciale "n’a toujours pas donné des signes réels de réformes".
Parallèlement, et alors que le ministre de la Santé et de la Protection sociale continue de présenter une "bonne" image de la "réforme globale du système de santé" et de "l’égalité d’accès aux soins", la réalité du service Mère-Enfant de l’hôpital provincial Abi El Kacem-Ezahraoui à Ouezzane contredit ces discours, révélant un effondrement du service public.
La crise sanitaire dans cet hôpital se résume à une image frappante: un seul médecin pour plus de 274.000 habitants, dans des conditions qualifiées par les infirmières de "pénibles et inhumaines". A chaque accouchement compliqué, l’établissement se met à l'épreuve d'une course contre la mort, les équipes médicales supportant seules le poids d’un système défaillant.
Le bureau provincial du Syndicat national de la santé publique à Ouezzane, affilié à la Fédération démocratique du travail (FDT), a mis en garde contre "une situation catastrophique menaçant l’effondrement du service public".
Le syndicat a tenu le ministère de la Santé pour "pleinement responsable de toute complication ou décès éventuel", l’accusant de "gérer la crise avec une indifférence bureaucratique".
Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette montée de la contestation. Le bureau local du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup) d’El Jadida a annoncé une grève pour jeudi prochain, accompagnée d’un sit-in devant le rectorat de l’Université Chouaib-Doukkali.
La tension est particulièrement vive à l’Ecole supérieure de l’éducation et de la formation relevant de la même université, où le syndicat a publié un communiqué dénonçant "une dégradation administrative sans précédent" et "l’indifférence persistante face aux revendications des enseignants".
Le communiqué a précisé que la réunion d’urgence tenue avec le directeur de l’établissement "n’a abouti à aucun résultat concret", ajoutant que "l’absence de traitement sérieux des problèmes accumulés a conduit à une paralysie du fonctionnement quotidien et à une aggravation du climat de tension interne".
Le syndicat a également dénoncé "la marginalisation des enseignants-chercheurs par le rectorat", à travers le refus de valider des projets de formation et de recherche sans justification ni réponse dans les délais légaux.
