77e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 : la face barbare du colonialisme

مجازر 08 ماي
08/05/2022 - 09:17

Les Algériens commémorent aujourd’hui le 77e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 perpétrés par la France coloniale contre un peuple désarmé. Une date qui restera gravée en lettres de sang versé par des dizaines de milliers de manifestants pacifiques tués à travers plusieurs villes du pays et qui constitue un témoin indélébile de la sauvagerie du colonialisme.

Le peuple algérien, à l’instar de tous les peuples ayant subi la barbarie coloniale, se souvient toujours de ce génocide commis par un occupant contre des manifestants sortis dans la rue pour rappeler à la France ses engagements au lendemain de la seconde guerre mondiale. Il se souviendra aussi de tous les autres crimes abjects commis par la France durant 132 années d’occupation.

La face barbare du colonialisme. Reportage de Chakib Benzaoui de la Chaine 3

En effet, de 1830 jusqu’à l’indépendance chèrement arrachée, la France coloniale a fait des millions de martyres. En plus de ses politiques d’apartheid et sa colonisation de peuplement visant une épuration ethnique, la 5e puissance mondiale avait, durant plus d’un siècle, massacré, tué, brûlé, torturé, guillotiné, affamé, exproprié, déporté,  emprisonné… des millions d’êtres humains. 

La conquête par la terreur, la famine…

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Dès le début de la conquête, les généraux français misèrent sur la terreur pour conquérir des régions et exproprier les populations en massacrant et en repoussant les propriétaires légitimes dans les terres arides. Le bétail n’y échappera pas. Le cheptel était pris de force ou décimé par les coups de canon et les lois sur la restriction des terrains de parcours de pâturage achèveront, à petit feu, les quelques têtes de bétail épargnés.

Les massacres de Kherrata, un crime contre l'humanité. Reportage de Djaouida Azzoug de la Chaine 3

L’expropriation sera le marqueur sanguinaire de l’avancée des troupes françaises dans leur conquête. En quelques années seulement, 2,9 millions d’Ha de terres cultivables ont été pris par la force des armes et par les règles imposées par l’occupant. Cette dépossession allait détruire le mode de production et condamner les populations à la famine et à la mort. Les historiens estiment qu’il y eut disparition de près d’un quart de la population algérienne de 1830 à 1870.

 

… et les enfumades

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A chaque avancée, la marche triomphale de l’armée coloniale se heurta à la résistance des populations. Mais, les missionnaires de la France ne ménagèrent aucun moyen pour venir à bout de leur mission destructrice et mater les révoltés. Les génocides et les ossements laissés sur leurs traces peuplent toujours l’itinéraire crasseux des généraux français. Montagnac, Cavignac, Pélissier, Canrobert, Bigeard, Massu, Aussaresses et bien d’autres commanditaires ont participé, sur les terres algériennes, à  écrire les sombres pages de l’histoire humaine et leurs exactions n’ont absolument rien à envier aux actes barbares du moyen âge et aux bestialités du fascisme.      

En témoignent la torture pratiquée et les nombreux génocides perpétrés. Dans ce registre, la France coloniale peut être fière d’avoir été la première puissance mondiale à inventer les enfumades, ancêtre des chambres à gaz, consistant à étouffer par la fumée des milliers de femmes, d’enfants et de vieux cachés dans des grottes pour fuir les massacres. Ce fut le cas ce 11 juin 1844, lorsque le tristement célèbre Cavignac ordonna l’enfumade d’une tribu de Sbéhas. Le même carnage sera réédité, un an plus tard, par le général Bugeaud qui commanda à ses hommes d’ « imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Enfumez-les à outrance comme des renards. ». Ce fut, également, sur instruction de ce même général que le lieutenant-colonel Pélissier étouffa les familles d’Ouled-Riah dans une grotte de la Dahra le 18 juin 1845.

 

L’institutionnalisation de la torture

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La torture, ce crime contre l’humanité, était une pratique courante de l’armée française contre le peuple algérien. Elle était répandue durant les premières années de la conquête et elle va devenir systématique pendant la guerre de libération nationale.

Pour obliger des captifs à parler ou dans le but de terroriser les populations, des actes inimaginables et des formes de tortures qui n’ont pas de semblables dans l’histoire contemporaine ont été pratiqués.

Des journaux révélaient ces sévices. Des livres, à l’instar de « la question » avaient même été édités pour dénoncer la cruauté du colonialisme. Mais rien ne pouvait amener la France à cesser cette méthode barbare. Car, loin d’être des pratiques isolées, comme voulait le faire croire la France à l’opinion internationale, la torture était institutionnalisée et mêmes enseignée aux militaires dans les écoles « Jeanne D’arc » à Skikda, « Aflou » à Laghouat et « Sidi Chahmi » à Oran.

 

La justice de la guillotine

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Outre le viol, la torture, les disparitions forcées, la France coloniale fera usage de guillotine pendant la guerre de libération nationale.  De 1956 à 1962, au moins 222 militants ont été exécutés. Le chahid Ahmed Zabana fut le premier guillotiné le 19 juin 1956 et beaucoup de têtes de militants, comme Ferradj ou Iveton, seront tranchées par la même lame de cet abominable instrument de la justice française qui condamna à mort pas moins de 1 500 personnes pour avoir défié le système colonial et réclamé l’indépendance de l’Algérie. 

Etat criminel

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Tous les mensonges avancés par l’Etat français pour couvrir sa mission destructrice et son massacre d’un peuple qui réclame son droit à l’autodétermination et à l’indépendance n’ont pas masqué le vrai visage monstrueux et inhumain du colonialisme.

L’usage du napalm et des gaz toxiques ainsi que les honteuses lignes Challe et Morice ont été révélés au grand jour et l’opinion internationale avait assisté au carnage perpétré le 17 octobre 1961, lorsque la police de Papon massacrait des manifestants algériens pacifiques et les jetait dans la scène de Paris.      

Cette cruauté a fini par révéler la véritable nature criminelle de la France qui a tant chanté les valeurs de justice et d’égalité.

Le colonialisme chassé, ses crimes tuent toujours

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En plus de tous ces massacres cités et dont la liste est loin d’être exhaustive pour illustrer toute la cruauté dont a fait preuve la France coloniale en Algérie, d’autres crimes abjects ont été commis par l’occupant et qui malheureusement vont sévir beaucoup plus longtemps après l’indépendance. Il s’agit des mines anti-personnelles semées à travers l’ensemble du territoire algérien et des essais nucléaires organisés dans plusieurs régions faisant des milliers de victimes.

Bien que la France soit une puissance militaire et qu’elle dispose de tous les moyens, elle n’a pas réussi à venir à bout de la volonté d’un peuple épris de justice et de liberté. La France coloniale a été vaincue emportant avec elle son histoire noire faite de massacres, de crimes et de barbaries. Il faudrait encore de nombreuses années pour que le secret soit levé sur toutes les atrocités commises par la France en Algérie. Cependant, les crimes infâmes révélés, jusque-là, démontrent bien la nature barbare du colonialisme français qui n’avait pas hésité à recourir aux pires exactions pour asseoir sa domination.

Le 8 mai est célébré en Algérie, c’est la journée de la mémoire instaurée par le président Abdelamdjid Tebboune. C’est une journée commémorative pour s’incliner à la mémoire des victimes et pour rendre un vibrant hommage à nos vaillants martyres. Elle est surtout un rappel pour ne jamais oublier le tribut de sang et les lourds sacrifices consentis pour libérer le pays des griffes du colonialisme barbare.