Explosions nucléaires à Reggane : la responsabilité politique et juridique de la France demeure entière  

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13/02/2024 - 11:29

L’Algérie commémore, ce mardi, le 64ème anniversaire des explosions nucléaires perpétrées par les autorités coloniales françaises, à Reggane, dans le sud algérien. Des explosions qui restent des crimes contre l’humanité imprescriptibles, et qui engagent la responsabilité politique et juridique de la France, sur la base du principe de doit international de continuité de l’Etat.

Sur le terrain, la radioactivité provoquée dans la région affecte toujours les populations du sud du pays, tant la catastrophe est environnementale et surtout sanitaire. Malgré l’ampleur des dégâts, le sujet des indemnisations demeure au point mort.  « On compte nombres de cas de malformations, de cécités, de problèmes cardiovasculaires, de cancers parmi les habitants de Reggane », s'indigne Amar Mansouri, docteur en génie nucléaire, ce mardi matin sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio Algérienne.  « Ces problèmes nécessitent beaucoup d’argent, des hôpitaux spécialisés, des diagnostics », interpelle encore le spécialiste, soulignant que la France coloniale n'a jusque-là, rien fait pour dédommager ou prendre en charge les victimes.

Un problème qui dépasse nos frontières car, rappelle Amar Mansouri, « l’Opération Gerboise bleue a touché, à elle seule, 26 pays d’Afrique », qui juge nécessaire «d'alerter l’ONU pour provoquer une réaction de la communauté internationale, afin de trouver une solution à ces problèmes humanitaires. » D'ailleurs, sur le plan international, l’Algérie, victime de ce crime contre l’humanité, dispose de leviers juridiques pour plaider sa cause. C’est ce dont témoigne, ce mardi, Patrice Bouveret, cofondateur de l'Observatoire des armements, un centre français indépendant d’expertise et de documentation, sur les ondes de la Radio Algérienne.

« L’Algérie est un acteur fort important au niveau du droit international et a le poids nécessaire pour contribuer à faire condamner les dommages issus de la colonisation », indique-t-il. Selon lui, l’Algérie a, d’ailleurs, mis en place, il y a deux ans, une Agence nationale pour la réhabilitation des sites d’expérimentation nucléaire de la France coloniale. « Cette agence pourrait être un outil efficace qui permettrait, dans les structures associatives ou les centres d’expertise, de disposer d’outils d’interpellations conjointes », estime Patrice Bouveret.   

Rappelons qu’en plus des efforts consentis par l’Etat Algérien pour le traitement de cette question, des parties de la société civile ont également initié des actions conjointes pour défendre les droits des victimes.   

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