Le directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), Samir Ferhat, a indiqué, ce mardi, que son établissement s’attèle à moderniser toutes ses structures pour éviter toute perturbation des approvisionnements en médicaments, notamment les anticancéreux, au sein des hôpitaux, à la lumière de la directive du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a insisté, lors de la réunion du Conseil des ministres de dimanche dernier, à parer à toute forme de dérèglement de ce secteur.
Questionné à ce sujet lors de son passage à l’émission l’Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio algérienne, M. Ferhat a affirmé que « pour moderniser la gestion de la PCH, la situation exige l’intégration des technologies de pointe, telles que l’automatisation des processus et l’intelligence artificielle pour l’analyse des données, des prévisions et des besoins », soulignant que le « PCH devrait mettre un système de veille ».
Arguant qu’un dispositif est en cours de réalisation, M. Ferhat a révélé qu’« un projet, assujetti à un cahier des charges, est au niveau de la direction de l’informatique de la PCH pour permettre la surveillance des niveaux de stocks, l’intégration de bons de commande électroniques, déjà opérationnel dans 633 hôpitaux, et la régulation entre les hôpitaux ».
A la question de savoir les raisons de ces perturbations cycliques des médicaments, notamment les anticancéreux, l’intervenant a souligné qu’« à l’exception de trois produits qui sont en rupture, car abandonnés par les fabricants au profit d’autres molécules plus rentables financièrement, tous les autres produits oncologiques sont disponibles. Il est vrai que depuis deux ans, nous avons vécu des perturbations et des ruptures sur 124 produits d’oncologie, dont 24 étaient en rupture totale. Aujourd’hui, et vous pouvez le vérifier, tous les produits sont disponibles ».
Abordant la cellule de veille installée au niveau du ministère de la santé, il dira que « cette structure est fonctionnelle depuis plusieurs mois. Elle nous permet de lancer des alertes par rapport au risque de ces produits ».
Orienter l’investissement vers les médicaments anticancéreux
Pour M. Ferhat, « il est impératif de renforcer la confiance entre la PCH et les hôpitaux et entre les professionnels de la santé et les patients pour une meilleure coordination pour permettre une disponibilité de tous les produits ».
En revanche, M. Ferhat a soulevé deux contraintes majeures, à savoir l’expression des besoins des hôpitaux en médicaments et le retard accusé dans l’approvisionnement des produits par rapport aux fournisseurs, notamment ceux détenteurs de position monopolistiques par rapport à l’enregistrement.
Pourtant, déplore-t-il, « tous les appels à concurrence sont engagés à temps et les contrats sont signé dans les délais avec les fournisseurs (…) La position monopolistique est justifiée par l’intéressement des fournisseurs pour la fabrication et la vente de ces produits».
Face à cette situation, M. Ferhat a appelé le ministère en charge de la régulation du marché pour, dit-il, « orienter les investissements vers ces produits pour permettre la diversification des sources d’approvisionnement pour éviter toute situation monopolistique».
Le budget pourrait atteindre 30 milliards de dinars en 2024
Concernant la numérisation du fichier des malades atteints de cancer, il explique que « la PCH détient une liste par rapport aux produits innovants. Il y a une plateforme et un registre ouvert au niveau du ministère et nous aurons, avec précision, le nombre de malades avec leurs initiales et leurs besoins (…) Actuellement, nous travaillons sur les chiffres existants et nous ajoutons les 45 000 nouveaux cas qui arrivent, chaque année dans les hôpitaux ».
« Pour l’année 2024, nous attendons d’arrêter la liste et les quantités de médicaments anticancéreux, sachant que l’Etat avait débloqué, en 2023, une enveloppe de 15 milliards de dinars pour acheter 31 molécules. Pour cette année, ce montant sera probablement doublé », a encore développé M. Ferhat, révélant que « la PCH va reconduire, dans quelques jours, les marchés qui sont déjà signés avec les fournisseurs. Le montant global pourrait atteindre 30 milliards de dinars pour faire bénéficier nos malades des molécules innovantes ».
Farid Belgacem