Le prisonnier sahraoui du Groupe de Gdeim Izik, El Houssein Boujemaa Zaoui, observe depuis, ce mardi, une grève de la faim de 48 heures, pour protester contre l'atteinte à ses droits fondamentaux, notamment le droit à l'éducation et le droit de transfert près de sa famille au Sahara occidental, indique la Ligue de protection des prisonniers sahraouis dans les geôles marocaines.
Selon cette ligue, El Houssein Boujemaa Zaoui, détenu à la prison de Kénitra au Maroc, a été interdit par l'administration pénitentiaire de s'inscrire à la faculté des Sciences islamiques, un droit pourtant garanti par les chartes des Nations unies.
En effet, en 1990, le Haut Commissariat des Nations unes aux droits de l'homme publie les principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus. Dans ce texte (résolution 45/111 du 14 décembre 1990), le droit à l'éducation en prison est explicitement exprimé: «tous les détenus ont le droit de participer à des activités culturelles et de bénéficier d'un enseignement visant au plein épanouissement de la
personnalité humaine (principe 6)».
Toutefois, le Maroc continue à bafouer les règles des Nations unies pour le traitement des détenus comme en témoigne, encore une fois, le refus de l'administration pénitentiaire à accéder à la demande du détenu El Houssein Boujemaa Zaoui qui veut être transféré dans une autre prison, moins éloignée de sa famille, au Sahara occidental.
Aux termes de la règle 59 de l'Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus, dites «Règles Nelson Mandela», «les détenus doivent être placés, dans la mesure du possible, dans des prisons situées près de leur domicile».
Ce prisonnier sahraoui n'écarte pas, d'ailleurs, la possibilité de recourir à d'autres formes de contestation pour protester contre les conditions inhumaines et dégradantes de sa détention, ajoute la Ligue.
En octobre 2023, le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a jugé illégale l'incarcération du groupe d'activistes sahraouis, dit Groupe de Gdeim Izik, condamnés définitivement par la Cour d'appel de Rabat en 2017 sur la base d'aveux obtenus sous la torture à des peines allant de 20 ans de réclusion criminelle à la perpétuité.
Dans son avis, il a exhorté les autorités marocaines à libérer rapidement le groupe de détenus, qui comprend des journalistes et des défenseurs des droits humains du Sahara occidental. Ces détenus ont subi des traitements inhumains depuis leurs manifestations non violentes en 2010 dans le camp de Gdeim Izik, au Sahara occidental.
Une vingtaine de Sahraouis ont été arrêtés avant, pendant et après la dispersion de la manifestation pacifique dans le camp de Gdeim Izik le 8 novembre 2010. Plusieurs «prisonniers de Gdeim Izik» sont d'éminents défenseurs des droits humains qui défendent ouvertement les droits humains au Sahara occidental, et sont maintenus en détention arbitraire depuis 13 ans.
Trois de ces défenseurs, à savoir Ahmed Sbaai, co-fondateur de la Ligue sahraouie pour la protection des prisonniers politiques dans les prisons marocaines, Sid'Ahmed Lemjaid, président du Comité pour la protection des ressources naturelles au Sahara occidental (CSPRON) et Brahim Ismaili, président du Centre pour la préservation de la mémoire collective sahraouie, ont été condamnés à des peines de prison à perpétuité.