Des eurodéputés espagnols exhortent les autorités de leur pays à accorder l'asile à deux jeunes sahraouis

Sahara France
10/07/2024 - 19:00

Un groupe d'eurodéputés espagnols ont exhorté mercredi les autorités de leurs pays à accorder l'asile politique à deux jeunes sahraouis, retenus actuellement à l'aéroport international de Madrid, alertant sur les conséquences d'une éventuelle expulsion vers le Maroc sur leur intégrité physique.

Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur espagnol, Fernando Grande Marlaska (du PSOE), ces eurodéputés représentants les partis espagnols, Sumar, Bildu (basque indépendantiste) et le Bloc nationaliste galicien (BNG), ont soutenu la demande d'asile présentée lundi par les jeunes sahraouis Mustafa Sid Zein et Hafed Zergui, exigeant des autorités compétentes l'octroi à ces sahraouis l'autorisation d'entrer légalement en Espagne.

Dans cette lettre signée par une dizaine d'eurodéputés dont la tête de liste de Sumar aux dernières élections européennes, Estrella Galan, Jaume Asens, Vicent Marza, Pernando Barrena et Ana Miranda, ces derniers expliquent les raisons pour lesquelles les deux migrants doivent résider légalement en Espagne.

Selon ces eurodéputés, "la vie des deux jeunes sahraouis serait en grave danger s'ils étaient expulsés vers le Maroc". 

"Cela équivaut à une condamnation à la mort", a écrit sur la plateforme X Antonio Maillo, eurodéputé de la Gauche unifiée, une des nombreuses composantes de la coalition d'extrême gauche Sumar, membre du gouvernement de Pedro Sanchez.

Il a demandé au ministre de l'Intérieur espagnol d'accorder l'asile aux deux Sahraouis pour des "raisons humanitaires".

Dans leur lettre, les eurodéputés rappellent au ministre espagnol de l'Intérieur que "plusieurs ONG ont dénoncé les violations des droits humains dans les territoires sahraouis occupés".

Mustafa Sid Zein et Hafed Zergui ont demandé lundi 8 juillet l'asile politique à l'Espagne aux services de la migration de l'aéroport de Barajas à Madrid. Arrivés à l'aéroport international de Madrid à bord d'un vol en provenance de la Guyane française à destination de Casablanca, les deux jeunes sahraouis ont saisi une escale dans la capitale espagnole pour présenter des requêtes d'asile, rapporte un média ibérique.

Ils ont alerté les autorités espagnoles que leur intégrité physique serait atteinte s'ils retournaient au Sahara occidental occupé, où "des violations constantes des droits de l'homme sont commises" par l'occupant marocain, selon plusieurs ONG internationales.

Des demandes qui seront examinées, dans un premier temps, par la sous-direction des Frontières, relevant du ministère de l'Intérieur, et ensuite par l'Office d'asile et des réfugiés. La décision est attendue dans les prochains jours.

Selon l'article 33 de la Convention relative au statut des réfugiés, signée par l'Espagne, "aucun des Etats contractants n'expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques".

Toutefois, en cas de rejet de leur demande, les deux jeunes sahraouis peuvent compter sur l'appui d'avocats et d'ONG de soutien à la cause sahraouie.

Il y a quelques jours, l'ordre donné par un tribunal espagnol de refouler l'activiste sahraoui Youssef El Mahmoudi vers le Maroc a été suspendu suite à l'intervention de la ministre espagnole de la Jeunesse et l'Enfance, Sira Rego, de la Gauche unifiée.

Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Mme Rego a demandé d'autoriser à titre "provisoire l'entrée en Espagne" du jeune sahraoui "pour des raisons humanitaires".

Dans sa missive, la ministre a estimé que "l'activiste a été persécuté pour son engagement dans la défense du Sahara occidental", soutenant que "le renvoyer au Maroc le mettrait en grave danger".

En effet, un étudiant universitaire sahraoui, Hussein Amadour, arrivé en janvier 2019 sur l'île de Lanzarote en bateau et qui a demandé l'asile politique, a été renvoyé au Maroc, où il a été condamné à 12 ans de

prison.