Si M'hamed Bouguerra, un chef militaire ayant allié humilité et fermeté

Si M'hamed Bouguerra, un chef militaire ayant allié humilité et fermeté

Si M'hamed Bouguerra
05/05/2025 - 15:02

Le Colonel M'hamed Bouguerra, dit «Si M'hamed», chef de la wilaya IV historique entre 1958 et 1959 durant la Guerre de libération nationale, avait la qualité d'être à la fois humble vis-à-vis de ses compagnons d'arme et ferme lorsqu'il s'agissait de discipline militaire ou de conduite d'opérations.

«Les années d'enfance passées au sein des Scouts musulmans algériens (SMA) ont fortement forgé sa personnalité et sa façon de mettre en pratique les valeurs de solidarité, d'entraide et de respect d'autrui dans ses relations avec les hommes qui étaient sous son commandement, malgré son grade et le poste qu'il occupait», a affirmé le chercheur et professeur d'histoire, Moussa Haissam, de l'université Yahia Fares de Médéa, citant des témoignages de compagnons d'arme de «Si M'hamed», au 66e anniversaire de sa mort, tombé au champ d'honneur le 5 mai 1959.

Les témoignages recueillis auprès d'anciens responsables militaires de la wilaya, dont le défunt Commandant de l'ALN, Lakhdar Bouragaa, qui l'avait côtoyé de près pendant cette période, et de l'actuel secrétaire de wilaya de l'organisation des moudjahidine, Fouad Chaouati, affirment que Si-M'hamed a puisé dans ces valeurs pour établir une relation d'amitié avec les combattants qui étaient sous ses ordres.

Il était convaincu, selon les témoignages de ses compagnons d'armes, que cette attitude envers ses hommes allait renforcer la cohésion au sein du groupe et les rapprocher de lui, sans pour autant négliger l'aspect disciplinaire et la rigueur requis par la Révolution.

Des moudjahidine de la région qui ont eu l'occasion de le rencontrer pendant les années où il était à Ouled-Bouachraa, son quartier général, ont témoigné, lors de diverses occasions, de l'humanisme, de l'humilité, de la fermeté et de la rigueur dont faisait preuve M'hamedi Bouguerra dans la conduite des opérations militaires et l'encadrement des troupes, et qui lui ont valu le respect de tous, note Dr Haissam.

Selon ces témoignages, Bouguerra était un modèle pour ceux qui l'ont côtoyé ou ont combattu à ses côtés, il avait toujours ce sourire qui ne le quittait jamais, même dans les moments les plus difficiles, et cela l'a accompagné jusqu'à sa mort, les armes à la main.

Si M'hamed a fortement contribué à l'organisation des unités militaires opérationnelles de la wilaya IV historique durant la Révolution de novembre 1954.

Le cumul des expériences acquises au sein des SMA, puis au sein du Mouvement national et, plus tard, en tant que membre actif de l'Organisation spéciale (OS), l'avaient aidé à mener à bien sa mission en tant que commandant de cette wilaya historique, de 1958 à 1959.

Succédant respectivement à Rabah Bitat, Amar Ouamrane et Slimane Dehilès, Si M'hamed a réussi, durant cette courte période à la tête de la wilaya IV historique, à mettre en place un système d'organisation militaire hiérarchisé et structuré qui a déstabilisé la machine de guerre coloniale.

Il s'était fixé comme objectif de fédérer l'ensemble des Katibas (compagnies) opérant dans les maquis de la wilaya IV historique, à l'instar des redoutables katibas Zoubiria, El-Hamdania et El-Omaria, pour former un bataillon capable de faire contrepoids face à la puissance militaire du colonisateur, selon les archives locales.

Ce projet ne verra pas le jour, en raison du déclenchement de la bataille de «Djebel Mongorno» qui a eu lieu fin décembre 1958, et de l'éparpillement des effectifs qui formaient les Katibas en question.

Dans une biographie réalisée par le musée régional du moudjahid, il est fait état du déploiement par l'armée coloniale, dès la fin du mois d'avril 1959, d'un imposant dispositif militaire autour de «Djebel Mongorno» et jusqu'à Ouled-Bouachra, à l'ouest de Médéa, où se trouvait le quartier général du commandement de la wilaya IV historique. Un déploiement qui va pousser le colonel Si M'hamed à préparer une contre-offensive pour desserrer l'étau qui était en train de se refermer sur son quartier général.

Le 5 mai 1959, Si M'hamed Bouguerra tomba au champ d'honneur lors d'un accrochage avec les troupes coloniales déployées dans la région. Son corps ne sera jamais retrouvé et des tentatives pour en savoir plus sur le lieu de sa sépulture ont été engagées, mais restent, à ce jour, sans suite.

APS