Deux associations solidaires avec la cause sahraouie se sont félicitées, mercredi, de la décision du Comité contre la torture de l'ONU (CAT), portant sur la condamnation du Maroc pour des faits de torture et de mauvais traitements sur le détenu sahraoui du groupe de Gdeim Izik, Mohamed Bourial, soulignant que la libération des prisonniers politiques sahraouis était une décision qui s'impose.
Dans un communiqué conjoint, l'Association des amis de la RASD-France et la Ligue de protection des prisonniers politiques sahraouis se félicitent «de la décision du Comité contre la torture de l'ONU à Genève, concernant un prisonnier politique du groupe de Gdeim Izik».
«Avec cette décision, le CAT condamne le royaume du Maroc pour faits de torture sur Mohamed Bourial, arrêté le 8 novembre 2010, le jour du démantèlement du campement pacifique de protestation de Gdeim Izik dans la banlieue de Laâyoune au Sahara occidental. Il a été condamné à l'issue de deux procès inéquitables, dont le premier par une Cour militaire en 2013 et confirmé en appel en 2017, à 30 ans de prison», peut-on lire dans le communiqué.
«C'est la troisième fois que cette haute instance de l'ONU condamne le Maroc», souligne le texte, faisant savoir que «la première décision concernait Naâma Asfari, lui aussi prisonnier du groupe de Gdeim Izik, prise le 16 novembre 2016 suite à une communication de la plainte déposée le 4 mars 2014 (et) la deuxième concernait Omar N'dour prise (..) le 19 novembre 2021, pour une communication de plainte déposée le 28 novembre 2014».
La même source rappelle que depuis l'arrestation des prisonniers de Gdeim Izik, «les associations solidaires n'ont cessé de dénoncer les conditions d'incarcération des prisonniers et les procès inéquitables de 2013, procès militaire et procès en appel de 2017, qui ont condamné les prisonniers à des peines allant de 20 ans à la perpétuité», citant, entre autres, Amnesty International, Human Rights Watch et le Groupe de Genève.
Ces condamnations, ajoutent les deux associations, «ont été faites sur la base d'aveux extorqués sous la torture, ce que le droit international ne reconnait pas comme preuve».
«Avec ces décisions, le CAT dénonce ces tortures et a condamné le Maroc par trois fois depuis 2016. Il confirme ainsi que ces condamnations sont non avenues, et que la libération de tous les prisonniers incarcérés depuis 12 ans s'impose», souligne le communiqué.
Les deux associations déplorent en outre le fait que «la situation des prisonniers (politiques sahraouis) soit encore plus difficile depuis le dernier procès en appel de juillet 2017 et la dispersion de tous ces hommes, au nombre de 19, dans 6 prisons du Royaume, loin de leurs familles, en déni du droit international humanitaire et des Conventions de Genève».
«Ils ont été privés de toute visite familiale pendant les deux ans du Covid, mesure toujours en vigueur à ce jour», ont-elles dénoncé, rappelant que ces détenus sahraouis «ont observé plusieurs grèves de la faim qui ont duré jusqu'à 69 jours pour obtenir des autorités le respect de leurs droits».
L'Association des amis de la RASD-France et la Ligue de protection des prisonniers politiques sahraouis ont notamment indiqué que «deux prisonniers, Hassan Dah et Zaoui Elhoussine, ont entamé une nouvelle grève le 1er avril pour réclamer leur droit au transfert auprès de leurs familles, ce que les prisonniers demandent depuis 2017, date de la fin du procès en appel».
«Peut-on espérer que ce troisième engagement du CAT, construit sur des éléments avérés, impose enfin au Maroc, qui a ratifié les Conventions contre la torture, des décisions respectueuses de sa signature ?», se sont interrogées les deux associations, tout en appelant les Etats signataires de ces Conventions à faire respecter les décisions du Comité contre la torture de l'ONU.