« Il faut créer une école Algérienne d’histoire et l’enrichir continuellement », a plaidé, ce mardi, l’historien Amazit Boukhalfa sur les ondes de la Radio algérienne, indiquant que pour « écrire notre roman algérien d’histoire, il faut des archives. »
Seulement, regrette-t-il, « ces archives nous les avons pas ». « Elles sont chez les Français, avec qui nous sommes obligés de faire avec sur le travail mémoriel », relève l’historien, arguant l’impératif de « reconstruire notre histoire avec des données historiques, qui sont données au compte gouttes ».
« L’Urgence est de restituer les archives et il faut commencer par là si on veut écrire un roman algérien de l’histoire algérienne », insiste l’orateur lors de son passage à l’émission « L’Invité du jour », de la chaine 3 de la Radio Algérienne.,
« Je ne dis pas on que nous avons une histoire commune, mais une histoire vécue ensemble, pas de la même manière », a-t-il tenu à nuancer, rappelant l’adage qui dit qu’« on ne vit pas l’histoire derrière une crosse d’un fusil comme en face ».
Et d’appeler à dépolitiser le travail mémoriel : « L’histoire ne doit pas être l’otage de la politique et il faut la dépolitiser», suggère M. Amazit.
Rappelant que « les premiers bateaux transportant nos archives sont partis en 1958 », l’intervenant souhaite que dans le sillage du référendum pour l’autodétermination qu’«on aurait dû tout bloquer en attente des résultats de cette consultation populaire ».
Et d’ajouter : « il ne faut ne pas oublier qu’il n’y a pas que le transfert d’archives. I y a aussi un immense patrimoine illégalement transféré en France à restituer ».
Un colonialisme génocidaire
Pour mémoire, Amazit Boukhalfa a tenu à souligner qu’il y a dans la colonisation française particulièrement cette intention génocidaire. Les résidus de l’armée napoléonienne, et de Waterloo, étaient des montagnards et des ruraux, dont certains ne parlaient même pas la langue française, avaient cette intention d’agresser, réprimer, tuer, voler, violer et de vandaliser.
« C’est une armée, venue d’un pays qui manquait de tout et qui a découvert un pays prospère et qui a pris toutes ses richesses. », rappelle-t-il encore.
Mais les écrivains et autres chroniqueurs, note-t-il, « ont faussé les faits en tissant des clichés de bédouins, d’arriérés tandis que les soldats étaient des gens civilisés. Or, il y avait une intention génocidaire parce qu’il y avait intention de remplacement de la population ».
« L’application de raser et de tout détruire suppose cette envie de remplacement de la population », affirme l’écrivain, spécialiste dans la Guerre de libération nationale.
La répression et les enfumades qui n’ont pas cessé et qui s’étaient poursuivies, depuis les premières tueries en 1835 à Bouzareah jusqu’à la veille de l’indépendance, confirme, selon lui, que « cet appétit sanguinaire est dans les gènes même du colonialisme ».
Dans la sphère colonialiste, enchaine l’invité de la radio, cette répression n’était pas des poussées de fièvre mais une logique de réprimer et tuer. « Il ne faut pas oublier de l’innovation en matière de crimes, le colonialisme français innovait, depuis l’usage d’armes chimiques à Laghouat 1852, précédé d’enfumades en juin 1845 et autres atrocités », affirme encore l’intervenant.
Radio Algérie Multimédia