Le professeur en infectiologie, Lyès Akhamokh, a lancé, ce lundi un appel pour établir un « Plan canicule » suite aux dernières vagues de chaleurs qui sévissent dans le pays.
« Parmi dix villes les plus chaudes au monde, neuf sont algériennes », a-t-il fait savoir lors de son passage à l’émission « L’invité de la rédaction », de la chaine 3, de la Radio Algérienne.
Dans l’immédiat, « ce bouleversement climatique génère, selon l’intervenant, la multiplication des vagues de chaleur et des périodes de canicule qui s’étendent dans le temps avec effet mortel sur les personnes vulnérables (les vieux, les enfants et les malades chroniques), comme en France où il y a eu 15 000 morts en 2003 ».
« On ne parle plus de changement climatique mais de bouleversement climatique », explique-t-il, soulignant qu’il ne s’agit plus seulement de vagues de chaleur mais aussi « du phénomène des inondations avec leurs graves répercussions sur le volet sanitaire ».
Emergence de maladies mortelles
Faisant le lien entre le changement climatique et la phénologie, l’infectiologue Akhamokh dit craindre « le changement de comportement du cycle vital des espèces végétales et animales avec augmentation du nombre d’émergence d’organismes nuisant qui sont des vecteurs de maladies transmissibles, comme le moustique tigre, originaire des forêts tropicales d'Asie du Sud-est, qui s’est bien installé sur le pourtour méditerranéen dont les cotes algériennes et s’y est graduellement adapté ».
Étant actuellement présent dans 100 pays sur les cinq continents, le moustique tigre est, rappelle le professeur, « un insecte nocif vecteur des maladies mortelles telles que la Dengue, Zika et la fièvre jaune. Son variant, le Culex, s’est même adapté dans des pays froids comme le Lichtenstein et l’Islande où 31 cas ont été détectés chez des autochtones en 2023 ».
« Nous avons enregistré des cas en Algérie , poursuit-il, au même titre que l’anophèle qui est le vecteur du paludisme qui menace aussi des pays comme la Turquie, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et même le Kenya qui est un pays à 2000 mètres d’altitude.
Mieux vaut prévenir que guérir
Pour le professeur Akhamokh, la prévention est de rigueur. « Les bulletins météo spéciaux (BMS) sont à suivre impérativement avec plus d’attention afin d’établir des plans canicule en Algérie », alerte-t-il, avisant que « les vagues de migration subsaharienne ne sont pas occasionnées par insécurité ou des crises politiques ».
« Au-delà de la migration due à des phénomènes politique et sécuritaire, il y a la migration climatique due à la sécheresse, la raréfaction de l’eau potable, la sécurité alimentaire. Des phénomènes naturels étroitement liés au climat », souligne l’expert, ajoutant qu’il y a aussi ce qu’on appelle « les réfugiés climatiques ».
« L’OMS, note-t-il, compte plus de 500 millions réfugiés climatiques à travers le monde. Et l’Algérie qui est un pays d’accueil subit ce phénomène avec ses graves répercussions comme la réémergence du Paludisme, éradiqué en Algérie, qui revient au galop, avec ces flux migratoires », déplore l’orateur. Et de suggérer « la nécessité de multiplier les compagnes de vaccination ».
Il y a un réel risque sur l’Algérie, avertit M. Akhamokh, appelant à installer urgemment une observation continue et actionner un stricte suivi entomologique pour receler l’émergence des maladies qui s’installent suite à la migration des insectes vecteurs qui se propagent via des vagues de migrants fuyant l’inconfort au Sahel et chercher le confort en Algérie.
« Il faut multiplier les cellules de crise et travailler en continu au niveau des wilayas », suggère l’invité de la rédaction, pour faire face au péril migratoire que subit l’Algérie.
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