Mahfoudh Kaoubi: «unifier les prix de change pour éliminer le marché parallèle »  

Mahfoudh Kaoubi: «unifier les prix de change pour éliminer le marché parallèle »  

11/02/2025 - 12:17

L’augmentation de l’allocation touristique ne cesse de susciter satisfaction, depuis qu’elle a été décidée par le président de la République en Conseil des ministres.

Selon l’expert en économie, Mahfoudh Kaoubi, « cette décision n’arrête pas de susciter des interrogations sur la question. A quel point cette demande serait impactée ?».

Intervenant à  l’émission « L’Invité du jour », de la chaine 3, de la Radio algérienne, il dira de prime abord: « wait and see », précisant, toutefois, que « cette demande n’est pas uniquement d’origine touristique mais elle dictée par d’autres raisons ».

Il faut savoir que cette augmentation, explique M. Kaoubi,  n’est pas faite pour uniquement « augmenter le pouvoir d’achat » mais aussi pour « d'autres raisons », poursuivant, que « l’augmentation de cette allocation qui ne couvre même pas les frais de transport de l’Algérien entre l’aéroport et son lieu d’hébergement, posera aussi des questionnements quant aux équilibres extérieurs et donc de nos réserves de change ».

« Imaginons, dit-il, 4 millions de demandeurs d’un bon de 750 euros, ça posera inévitablement de sérieux problèmes ».

Toujours est-il,  admet l’orateur, « même si elle est augmentée sept fois plus que les 100 euros, alloués précédemment, reste insuffisante pour le voyageur algérien ».

Aller vers des logiques beaucoup fluides

« Elle n’a pas à émarger, poursuit-il, de différence pour les hommes d’affaires qui ont de fréquents déplacements à l’étranger pour vaquer à leurs affaires privées. Il faut réviser la question de l’augmentation selon une approche de rapprochement entre taux de change officiel et parallèle », soulignant qu’au-delà de cette l’augmentation « demeure le problème est d’aller vers des logiques beaucoup de fluides, loin des aspects sociaux qui demeureront couteux sur les équilibres de nos réserves de change ».

Et pour assurer l’efficacité de cette décision, l’expert suggère de régler le problème du marché parallèle des devises en passant par le règlement de la problématique des prix.

Eliminer l’intervalle séparant l’officiel et le parallèle

« Entre le marché libre et celui bancaire, quel est le prix réel de la devise ?, s’’interroge C’est la grande question qu’il faut poser et régler ».

« Maintenant que les mesures administratives de lutte contre l’informel sont arrivées à leurs limite, il est temps de lutter dans le cadre d’une réflexion sérieuse pour pouvoir éliminer l’intervalle séparant l’officiel et le parallèle. Réviser le système de change. Une décision difficile mais si on veut régler le problème de l’économie algérienne », explique l’expert.

Le marché parallèle est en réalité un concept de dualité, qui est selon lui, est une conséquence du problème pas la cause. « La cause de dualité du marché est la dualité des prix », appuie-t-il, et par conséquent « si on veut unifier les marchés, il faut qu’on agisse sur la qualité des prix ».

« Des prix unifiés donnent des marchés unifiés », suggère l’expert Kaoubi, rappelant que dans l’économie mondiale « on parle d’un marché ».

Et de poursuivre : « Cette dualité qui pervertit le calcul, qui est au demeurant indispensable au système économique, et qui devrait aller vers la maitrise de cette distorsion, nous coûte énormément, pas uniquement par rapport au prix du capital, sur le taux de change, mais aussi le taux de subvention perverti des calculs ».

« La réalité est d’aller à vers des questions plus profondes qui permettent de libérer les potentialités économiques dont l’Algérie dispose et de corriger ce problème de perversité des prix des facteurs de production », espère-t-il.

Radio Algérie Multimédia