L’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'Homme (RFKCenter) s'est dit vendredi "profondément préoccupée" par les attaques et violations des droits humains commises par les autorités de l'occupation marocaine contre les militants sahraouis dont Sultana Khaya et Aminatou Haïdar.
RFKCenter a exprimé sur son site internet sa "profonde préoccupation" face aux informations sur les attaques et violations des droits de l'Homme par l'occupant marocain, notamment contre la militante des droits humains Sultana Khaya, assignée à résidence depuis déjà plus d'un an, et contre la lauréate du Prix Robert F. Kennedy des droits humains 2008, Aminatou Haïdar.
L'ONG américaine "exhorte le gouvernement marocain à mettre fin à l'assignation à résidence de facto de Khaya et à veiller à ce que les autorités respectent les normes internationales relatives à la liberté de mouvement, d'association et d'expression", dans les territoires sahraouis occupés.
Elle rappelle que le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme (HCNDH) devrait effectuer une visite au Sahara occidental pour enquêter dès que possible sur les violations des droits de l'homme, y compris l'agression sexuelle criminelle de Sultana Khaya et de sa sœur.
A cet effet, RFKCenter appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à "remédier à la longue absence d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme au sein de la MINURSO (Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) pour renforcer la protection des droits de l'homme sur le territoire".
Robert F.Kennedy avait déjà appelé le Conseil de sécurité en octobre 2021 à ajouter une composante de surveillance des droits humains à la MINURSO afin de garantir la responsabilité de violations des droits commises sur le territoire, a-t-elle rappelé.
Cependant, le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé en octobre dernier le mandat de la mission onusienne sans mécanisme, permettant à l'occupant marocain de poursuivre ses violations des droits humains en toute impunité, déplore l'ONG.
Alors qu'elle tentait de rendre visite à Sultana Khaya chez elle dans la ville de Boujdour occupée, le 10 novembre dernier après l'agression deux jours avant par les agents de sécurité marocains, la présidente de la Ligue pour la défense des droits de l'Homme et contre le pillage des ressources naturelles (ISACOM), Aminatou Haïdar et ses collègues, ont été arrêtés par la police marocaine et empêchés de quitter la ville de Laâyoune occupée.
Le Secrétariat général de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme et de lutte contre la corruption a déposé une plainte auprès du procureur général près la Cour de cassation de Rabat pour enquêter sur Haïdar, après sa publication d'une vidéo dans laquelle elle dénonçait cet incident, appelant le procureur à prendre des mesures judiciaires contre elle.
"De telles représailles violent les normes internationales des droits humains sur le droit d'expression et d'opinion, telles qu'elles sont inscrites dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Maroc est légalement lié", a fustigé l'association américaine.
Cet appel lancé par RFKCenter intervient alors que la militante et figure de proue du combat du peuple sahraoui pour son indépendance, Sultana Sid Brahim Khaya, a bouclé vendredi une année d'assignation, elle et sa famille, à résidence surveillée par l'occupant marocain, au cours de laquelle elle a subi toutes sortes de sévices psychologiques et physiques et plusieurs tentatives de liquidation.
Dans son témoignage récent à l'APS, la militante infatigable des droits de l'Homme et farouche opposante à la politique du fait accompli suivie par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés, a fait part de quelques séquences de son vécu sombre fait de brutalité, de terreur, de torture et d'intimidations quotidiennes de la part des forces de sécurité marocaines, dans l'indifférence la plus totale de l'ONU et des ONG de défense des droits de l'Homme, maintes fois sollicitées, vainement, pour intervenir et mettre fin à sa souffrance et celle de son peuple.
Elle a raconté, dans ce contexte, que "les forces de sécurité marocaines ont eu recours, le long de son assignation à résidence surveillée, à toutes formes de violence et de terreur qui existent afin de la tétaniser, elle et sa famille, à l'image des descentes nocturnes et à l'aube à son domicile familial à Boujdour occupée", soulignant que "la pire violence qu'elle a endurée, est peut-être celle de son viol, le 15 novembre courant devant (sa) maman, gravement malade et âgée de 84 ans".